Bonjour !
Après m’être « un peu » énervé au sujet d’un film Marvel, je reviens pour un deuxième rant, cette fois un peu plus général et un peu plus énervé.
Pour ceux qui lisaient régulièrement les comics avant les années 2000 (et donc avant que les films ne commencent à vraiment se généraliser), l’idée de voir des films de super héros avec les moyens d’un blockbuster était séduisante. Avant le changement de millénaire, les quelques films adaptant des comics étaient au mieux de films moyens. Il y a bien quelques films Superman ou Batman qui ont été de bons films mais les derniers films applaudis sur ces franchises datent déjà au moment d’entrer dans le nouveau millénaire et le renouvellement n’a pas été à la hauteur. (Et puis pour le coup, l’article se concentre sur les comics Marvel, pas les DC.)
Comment les films de super héros sont devenus un genre populaire
En 1998 arrive alors le premier film tiré d’un comics qui sera considéré comme réussi : Blade. Le suivant sera le premier film X-Men en 2000 (considéré comme le film qui a lancé la mode des films de super héros parce que Blade est rarement considéré comme faisant partie de cette caste mais ceci est un autre sujet). Comme Blade, le premier film X-Men aura droit à un casting très intéressant et aura surtout les ingrédients pour en faire un bon film. On est loin d’un chef d’oeuvre mais vu la qualité des films précédents, il y a de quoi être très réjoui à ce moment.
D’autant que la troisième film sera le Spider-Man de Sam Raimi et cette fois le film sera un énorme succès, il détiendra notamment un record d’entrées pendant plusieurs années. Même si les films moyens n’ont pas vraiment cessé à cette période, ces trois films vont vraiment lancer le genre super-héros auprès du grand public, un peu comme Lord of the Rings a transformé la fantasy d’un genre de niche en culture populaire.
Avec le succès, forcément les financiers et autres investisseurs sont attirés et on assistera alors à une multiplication des films sans conserver la même qualité toutefois, il suffit de voir Daredevil ou les Fantastic Four. Même si tous les titres que j’ai cités sont tirés de comics Marvel, les droits pour ces films n’appartiennent pas à l’éditeur de comics qui ne supervise donc pas ces films. Néanmoins, voyant le bon filon, Marvel va se mêler à la danse en réalisant leurs propres films, d’abord distribués par Paramount avec un accord à coup de gros sous puis après le rachat par Disney tout sera géré en interne. La Fox possède toujours les droits sur pas mal de personnages (tous les mutants, les Fantastic Four, à moitié pour Spider-Man) mais il reste suffisamment de personnages à Marvel (surtout qu’ils peuvent en créer comme ils veulent) pour avoir pas mal de films.
Films et comics : une cohabitation saine ?
Je ne vais pas parler en détails des films créés par les studios Marvel mais plutôt de la relation entre les films et les comics. Car ce qu’il ne faut pas oublier en parlant des films, c’est que les histoires et les personnages présentés à l’écran existent d’abord par les comics. Comme pour les adaptations de romans, le matériau d’origine est souvent oublié par les spectateurs et c’est très regrettable. (Non, je n’ai pas encore commencé à ranter, c’est rien ça.)
Pour revenir sur le sujet, avec les films qui commencent à fleurir de tous les côtés, Marvel a plein de sous (et une fois racheté par Disney ça devient l’orgie), du coup les comics ont une santé de fer. Pour les lecteurs c’est une aubaine car d’un côté les comics sont toujours très présents et de l’autre on a l’occasion de voir certains personnages que l’on a pu adorer sur papier prendre vie sur écran. Même si tous les films ne sont pas géniaux, les deux media sont séparés et les aventures cinématographiques ne se mélangent pas avec celles des comics. Pour ceux qui n’aiment pas les films, ils peuvent donc retourner en autarcie vivre au milieu des comics et uniquement des comics.
Sauf que malheureusement tout n’est pas aussi simple. Avec la multiplication des films et surtout l’écart de plus en plus grand entre les histoires au cinéma et celles dans les comics, tout en utilisant pourtant les mêmes noms, les aventures sur écran ont fini par dicter leur loi. Car, à mon grand regret, la lecture (même avec des images) attire moins de monde que les films.
L’exemple de Peter Quill et des Guardians of the Galaxy
Le premier exemple est l’adaptation des Guardians of the Galaxy. J’ai longuement parlé de ces comics sur ce blog donc vous savez que le film n’a finalement rien à voir (je vais considérer que vous savez parce que vous êtes des super lecteurs). En soi, si le film est sympa, tant mieux pour les spectateurs. Pour moi (et pour d’autres amateurs de comics), ça ne pose pas de réel souci car d’un côté j’ai ces comics que j’adore et de l’autre il y a un film que je vais apprécier ou non.
Là où ça pose problème c’est quand les événements des films vont pousser Marvel a réécrire l’histoire des comics. Sur papier, Peter Jason Quill avait démarré sa carrière de super héros comme un connard et il a pas mal évolué avec les années pour devenir beaucoup moins antipathique. Dans le film, on n’a pas cette évolution, ce qui est normal car le format ne donne pas le temps d’explorer toute cette évolution ni son passé. De son passé, on a juste vu une scène étrange (n’ayant aucun lien du tout, même pas un peu de loin avec les comics) qui va finalement poser beaucoup de problèmes et m’empêcher d’apprécier le film.
La dernière série de comics consacrée à Star-Lord va s’occuper de réécrire le passé de Peter Quill pour coller un peu plus à ce qu’on voit dans les films. Je n’arrive pas à approuver ce genre de procédé. Certes l’histoire du passé de Peter Quill datait d’il y a plusieurs décennies donc elle est de moins en moins connue parmi les lecteurs mais je ne vois pas l’intérêt de la réécrire pour la changer à ce point. Oublié donc le passé de Star-Lord et surtout la manière dont il a obtenu le titre et toutes les conséquences. Beaucoup d’événements ont beaucoup moins de sens avec ce simple changement. La formation du groupe des Guardians se tient à peu près si on se limite à ça mais tout ce qui a conduit à amener les personnages ensemble ne tient plus trop avec la nouvelle histoire du passé de Quill. C’est vraiment le passé de Peter Jason Quill et ses aventures dans la peau de Star-Lord qui l’ont amené en prison chez les Krees et qui faisait que chaque Kree le connaissait et avait une opinion très tranchée à son sujet. Pour qui lit les crossovers Annihilation et Annihilation Conquest avec ce nouveau passé de Peter Quill, c’est bourré d’incohérences du coup.
Là où ça me fait encore plus peur, c’est que le deuxième film des Guardians prendrait d’autres libertés avec l’histoire des comics. Par exemple, dans les comics le deuxième prénom de Peter est Jason, ceci est lié au fait que son père est J’Son of Spartax (les développeurs me comprendront quand je dirai que lorsque je manipule des fichiers json, je ne peux m’empêcher de crier intérieurement « this is Spartax »). Ce dénommé J’Son est l’empereur de la planète Spartax et une très grosse partie de l’histoire de la troisième série de comics des Guardians est basée sur le fait que Peter est le fils de J’Son. Là vous êtes en train de vous demander ce que ça peut vous faire (en fait non parce que vous êtes vraiment des lecteurs géniaux mais on va faire comme si). Dans le prochain film, on apprendra que le père de Peter n’est pas J’Son et là je crains énormément quant aux possibles retombées sur les comics (je prie chaque soir au Grand Dieu des Comics de ne pas changer encore plus l’histoire de Peter Quill).
L’exemple Pietro et Wanda Maximoff
Il y a un exemple encore plus édifiant que celui du passé de Star-Lord, il concerne les jumeaux qui sont arrivés lors du film Avengers 2 : Pietro et Wanda Maximoff. Dans les comics, les jumeaux sont les enfants de Magneto et sont donc des mutants. Ils apparaissent au début des publications de X-Men (sur le numéro 4 pour la première fois si je me rappelle bien) dans le groupe dirigé d’une main de fer par Magneto (Magneto qui au passage ne s’appelle pas pour de vrai Erik mais ça dans les films ils n’en ont rien à foutre, fin de la digression). Les jumeaux finissent toutefois par rapidement se barrer parce qu’ils en ont marre de Magneto et sa troupe, ils vont finir par atterrir chez les Avengers. Autant le passage de Quicksilver chez les Avengers reste court, autant pour Scarlet Witch, il y aurait beaucoup à raconter mais je m’égare.
Comme je le disais plus haut, Marvel n’a pas les droits pour mettre des mutants dans ses films, ils ont donc dû ruser pour inclure les jumeaux Maximoff. De fait, leur histoire dans le film est complètement différente de celle des comics mais la conséquence c’est aussi qu’ils vont réécrire l’histoire dans les comics. Ainsi, en 2014, on va découvrir dans les comics que finalement Magneto n’est pas leur père. Premier tremblement de terre. Ensuite, un nouveau comics va démarrer : Uncanny Avengers qui va raconter l’aventure d’un groupe où se mélangent des Avengers et des mutants (Uncanny étant l’adjectif historique utilisé pour les publications X-Men), il y a notamment Captain America, les deux jumeaux, Rogue et quelques autres. Dans les pages de ce comics, il y a une grosse partie consacrée à la recherche de l’arbre généalogique de Wanda et Pietro. Et là, coup de tonnerre (non Thor n’est pas de la partie), ce ne sont pas des mutants.
Le gros problème ici, c’est que ça remet énormément de choses en question. Autant Peter Quill et les Guardians of the Galaxy sont un peu en marge, ils ont des aventures uniquement dans l’espace et ne croisent que rarement les personnages importants de l’univers Marvel donc si l’histoire de Peter Quill est modifiée, ça concerne surtout les Guardians mais pas beaucoup plus. En revanche, changer l’histoire de Wanda et Pietro Maximoff a un impact considérable sur nombre d’événements de l’univers Marvel.
Le crossover House of M voit Wanda avoir un de ses fameux craquages nerveux et d’un seul coup, le monde entier a complètement changé. Il faut savoir que le vrai pouvoir de Scarlet Witch est de changer la réalité, pas de changer la perception de la réalité mais bien la réalité, et donc modifier entièrement le monde dans lequel tout le monde vit en un clin d’oeil (et sans que personne ne ressente le changement) est parfaitement dans ses possibilités (les pouvoirs de Scarlet Witch dans les films sont plutôt les pouvoirs de Marvel Girl). Les mutants sont alors la « race » dominante et le monde est dirigée par la famille de Magneto, ce dernier est une sorte de roi et ses enfants Wanda et Pietro ont de très bonnes places. Wanda finit par réaliser et va chercher à ramener la réalité telle qu’elle l’imagine. Elle va alors prononcer les mots « no more mutants » car elle ne veut plus de ses pouvoirs (et de l’instabilité de son esprit qui en découle). En revenant à une réalité presque identique à celle qui était en place avant le changement (quelques personnes ont été ressuscités car Wanda ne savait pas qu’ils étaient morts, c’est par exemple le cas de Clint Barton), la principale modification vient du nombre de mutants dans le monde, ils sont passés de plusieurs milliers à 198 (selon une estimation de Cerebra, le dispositif détecteur de mutants qui avait pris la succession de Cerebro). Parmi les « depowerised », Pietro est devenu un être tout à fait normal. Il va alors se réfugier chez les Inhumans et ceci amènera pas mal d’événements bien entendu mais il faut noter que tout part du fait qu’il était mutant et qu’il a perdu ses pouvoirs.
Plusieurs années après, en 2012 précisément, le très gros crossover Avengers vs X-Men prend place. L’entité cosmique Phoenix Force (qui avait utilisé Jean Grey notamment) arrive sur Terre pour chercher un nouveau mutant à utiliser. Les X-Men et les Avengers vont s’opposer sur la manière de faire face à cette arrivée. Ce qui nous intéresse ici est surtout le dénouement de ce crossover. La mutante nommée Hope Summers, première naissance mutante depuis le M-Day (le jour où le nombre de mutants a été réduit à 198 suite à House of M), a un pouvoir très particulier : elle copie les pouvoirs des mutants dans sa proximité. Pour mettre fin au conflit entre les Avengers et les X-Men, Scarlet Witch et Hope Summers vont utiliser le pouvoir de Wanda en prononçant « no more Phoenix ». La dissipation du pouvoir de l’entité cosmique va au passage rendre les pouvoirs à beaucoup de mutants qui les avaient perdu lors du M-Day. Bref, je vous passe sur les détails de tout ce crossover mais cette conclusion et le retour à un monde « normal » (celui d’avant le crossover) semble assez impossible à réaliser si Scarlet Witch n’est pas une mutante.
Marvel, l’ère de la déprime
Les deux exemples au sujet de Quicksilver et Scarlet Witch ne sont évidemment pas les seuls et clairement ils touchent à vraiment tout l’univers Marvel (le crossover Avengers vs X-Men a impliqué absolument tous les personnages terriens). Changer l’histoire des jumeaux pour coller au film amène de très gros problèmes donc et au final en temps que lecteur je suis vraiment super déçu. En plus le film Avengers 2 n’était vraiment pas terrible et s’ils voulaient des nouveaux personnages ils avaient quand même l’embarras du choix alors en arriver à une telle situation, ça me donne encore moins d’enthousiasme vis-à-vis du film (et de tous les prochains films où apparaîtra Wanda). C’est un peu comme si Disney rachetait Lord of the Rings et faisaient des films à leur sauce en disant « non mais les livres ne sont plus canons, on va tout refaire ». Hum, c’est un mauvais exemple vu que les films Lord of the Rings existent déjà. Alors on va dire que c’est si Disney faisait la même chose avec Star Wars, ils gardent les films et effacent tout l’Univers Étendu pour refaire des nouveaux films à leur façon. (C’est étrange, ça me rappelle quelque chose…)
Après tout ça, j’en suis arrivé à un point où les films Marvel sont devenus quasiment une angoisse. Je sais d’avance qu’ils vont s’éloigner de la trame des comics, je ne sais pas en revanche à quel point ils vont modifier les trames passées et futures desdits comics et ça pour avoir les comics depuis les premiers numéros du Silver Age dans les années 60, c’est un coup de poignard à chaque fois. Encore s’ils réécrivent des événements anodins, par exemple lorsque Nick Fury Sr (blanc) a passé le flambeau à Nick Fury Jr (noir) afin de coller au personnage incarné par Samuel L. Jackson, c’est pas le genre de changement qui va retirer la cohérence des trames des comics. En revanche, modifier des points importants et qui ont un impact très fort sur l’univers Marvel dans son ensemble, là ça me gonfle (et ça me provoque des rants qui deviennent très longs), tout ça pour coller à des films. Les films dont les spectateurs n’ont, pour la quasi-totalité, aucune envie de lire les comics (ils ignorent même l’existence desdits comics). Quand on voit le programme des films à venir pour les prochaines années (sans compter ceux qui viendront encore après), je vais finir par crever à cause d’une crise d’angoisse.
Vous pouvez me considérer comme un gros con réactionnaire incapable de se faire à l’idée du changement si vous voulez mais laissez-moi mes comics comme je les aimais.
Je te comprends assez… En même temps, je m’étais éloignée des comics parce qu’eux-mêmes changeaient trop par rapport à ce que j’aimais dedans à l’origine, ou au contraire tournaient en rond. En l’occurrence, surtout, j’avais adoré l’arc de Phoenix (d’origine), j’avais aussi beaucoup aimé le personnage de Rachel entre autres dans Excalibur, mais déjà le retour de Jean Grey avec l’explication capillo-tractée moralisatrice, ça m’avait soulé. Alors les retours et morts à répétition de Jean, son clone Maddie et autres, quand ça a commencé, et qu’en plus c’est tombé à une période assez nulle niveau dessins (de presque toutes les séries publiées en français), j’ai carrément arrêté.
Du coup, j’ai « su » pour le No More Mutants via des sites qui en parlaient, mais je ne lisais déjà plus les arcs à l’époque. J’ignorais complètement cette histoire du « no more Phoenix »…
De ce fait, je me suis déjà éloignée assez des comics pour considérer les films comme des entités à part, et s’ils ont une influence sur les futurs comics, ça ne m’ennuie pas trop… parce que je me dis qu’ils sont déjà laaargement à la ramasse.
Même si j’avoue avoir ricané en voyant Wanda et Pietro version Avengers film…
Désolé, je viens seulement de voir ton commentaire.
Mais ouais, je comprends ton point de vue, il y a eu des conneries dans les comics et les clones sont probablement ce qu’il y a eu de plus facepalmant (et encore, la clone saga chez Spider-Man était pire, quand on pense qu’il y a un nouveau crossover avec des clones chez Spider-Man pour la fin de l’année, j’appréhende un peu). Mais j’avoue que X-Men n’a jamais été ma série préférée, il y avait suffisamment de qualité dans les autres séries pour me tenir intéressé (d’ailleurs les Avengers dans les années 80 c’était assez bidon aussi, heureusement que ça s’est amélioré par la suite).
Enfin il y a des baisses et des hausses de qualité dans les comics, ça arrive mais pour ma part, l’ensemble m’a quand même toujours assez enthousiasmé pour que je continue à les lire (et ne toujours pas avoir envie de m’arrêter ^^ ).
C’est la raison pour laquelle je ne m’avance pas trop dans les comics (je commence à avoir du mal avec Batman Renaissance d’ailleurs). En fait, ça va au-delà de l’adaptation ciné. Le truc qui me débecte avec les comics, c’est qu’on façonne à l’envie sans faire fi de ce qu’on fait les autres. Rien a d’incidence puisque tout peut être à tout moment modifiable. C’est pas conception en tout cas de ce qu’est une grande histoire dans sa continuité (en même temps je suis très roman). Un héros quand il meurt, il est mort. J.K. Rowling elle a pas fait revenir Sirius pour faire plaisir aux fans pas contents.
Je comprends pourquoi t’es énervé sur ces changements et futurs (qui ne le serai pas ?), et même temps je ne te comprends pas. C’est un peu la base des comics de réécrire tout, tout le temps. Tu n’y es pas habitué depuis le temps ? x)
Cool, une initiation de débat, ça fait plaisir. 😀
Je vais commencer par la conclusion de ma réponse : non les comics ne passent pas leur temps à réécrire ce qui avait été fait avant, pas du tout. Si tu parles du passage Year Zero de Batman (avec le Riddler), oui ça a réécrit certains détails. C’est l’un des problèmes que j’ai avec DC, ils aiment bien évoquer le passé de leurs personnages et donc à chaque fois qu’ils le font il faut ajouter quelque chose de neuf et donc au passage ils changent certains détails. Ca n’est jamais très gros mais c’est suffisant pour tout de même gêner, à mon sens. Faut dire que DC en est déjà à deux reboots sur les cinq dernières années donc j’avoue que leurs comics ont parfois tendance à un peu m’agacer.
Cela dit, pour ce qui est des morts de personnages, le sujet est plus complexe. Non, ce n’est pas un changement de décision qui fait qu’un personnage est subitement ramené à la vie sans explication. Certes c’est déjà arrivé mais c’est très rare (et heureusement). Typiquement, l’exemple le plus connu c’est après la mort de Jean Grey lorsqu’elle avait perdu le contrôle en étant l’hôte de la Phoenix Force (dans le story-arc légendaire Dark Phoenix), quelques années plus tard sur une suggestion de quelques personnes extérieures à Marvel, le retour de Jean Grey avec l’explication du pourquoi elle n’était pas vraiment morte n’a pas été un franc succès.
Mais quand on a assisté à la mort de TOUS les X-Men d’un seul coup, eux qui se sont sacrifiés pour éviter une catastrophe et quelques pages plus loin dans le même comics ils sont ramenés à la vie dans un semblant de Deux ex machina, c’était prévu bien évidemment, rien n’a été réécrit. Même lors de la mort de Captain America à la fin de Civil War et que finalement on apprend plus tard qu’il n’est pas mort mais a été envoyé dans un autre monde, ce n’est pas non plus de la réécriture. Pareil quand Ben Grimm meurt et que Reed Richards est tellement dévasté qu’il finit par aller parcourir l’univers pour retrouver son ami et il arrive à trouver l’endroit où Ben s’est retrouvé pour passer l’éternité de sa mort, dit comme ça, ça semble ridicule mais c’est un des moments qui pour moi a fait la légende des Fantastic Four (ouais j’ai énormément d’amour pour les FF).
Finalement, c’est la même chose que dans le Seigneur des Anneaux quand Gandalf meurt avec le Balrog dans les mines de la Moria mais qu’en fait il n’était pas mort et qu’on le retrouve en Gandalf the White. Certes dans les romans, ces morts qui n’en sont pas vraiment sont moins fréquentes que dans les comics mais de la même manière ce n’est pas de la réécriture. Non, JK Rowling n’a pas ramené Sirius mais de la même manière, Charles Xavier est mort dans les comics et il n’a pas été ramené. Et il y a plein d’exemples de personnages définitivement morts dans les comics aussi (même Wolverine est mort alors bon). Il est certain que dans certains comics c’est une facilité scénaristique de faire mourir un personnage pour le ressort émotionnel et le faire revenir comme une fleur plus tard mais ça c’est un autre sujet. ^^
Il est possible que mon avis soit biaisé parce que je vis entouré de comics mais je ne les vois pas pour autant comme des réécritures permanentes. Et si je me trompe, je suis parfaitement prêt à changer ma vision des choses si on me le montre (il est probable que je mette un peu de temps, j’ai souvent du mal à voir l’obvious ^^ ).
J’espère donc avoir pu un peu mieux t’exposer mon point de vue et si tu as d’autres arguments pour faire avancer le débat (et possiblement me faire voir les choses différemment), balance tout, je prends avec grand plaisir.
Peut-être que je me suis mal exprimée en disant « réécriture », je viens de m’en rendre compte. En fait ce que je voulais dire c’est que d’un point de vu narratif global, les comics sont une éternelle boucle. Il n’y a jamais de fin, et comme les auteurs changent au fil du temps, on n’est jamais à l’abri de modifications. Après je suis d’accord avec toi, que changer la base, le background du héros c’est moche. Mais ça ne m’étonne que moyennement. C’est ça qui me dérange particulièrement. Que ce qu’on me raconte, ça changera selon l’auteur, selon les desiderata de la firme etc.
Après un autre truc qui me dérange, mais genre m’horripile, c’est la non incidence de certains événements sur les personnages et l’histoire. Je suis loin d’être une connaisseuse tu le sais, mais je vais prendre l’exemple de la mort du Robin « Jason Todd ». Non seulement on le fait revivre en tant que Red Hood (je ne sais plus comment, tu le sais mieux que moi) mais Jason Todd, sera remplacé par un autre « Robin » ou équivalent, jusqu’à Damian Wayne. D’un point vu narratif, le schéma recommence. Y en a un qui meurt ? Pas grave, on le remplace. Et si le héros en souffre un temps, est-ce que ça change son fonctionnement ? Non puisqu’il prendra d’autres sidekick (avec plus ou moins de réticence certes), qui mourront ou qui partiront. Ce côté sériel, on décline le plus possible la formule, me laisse assez dubitative. Comment t’attacher à quoique soit, te laisser aller à avoir des émotions face à un événement dramatique, en sachant qu’au fond de toi ce qu’on te raconte n’est pas gravé dans le marbre et que ça pourra changer ?
Tu as pris l’exemple de Gandalf. Mais sa mort est une ficelle narrative, un rebondissement, ou un fucking Deus ex Machina (ça dépend des opinions), qui n’a lieu que dans un récit qui a une fin. Batman n’a pas de fin. Par exemple, je m’attends à tout moment que Damian Wayne ressuscite d’une manière ou d’une autre. Même si n’arrive pas, le moment de sa mort ne m’a pas tellement touchée, parce que j’avais continuellement à l’esprit cette possibilité qu’un auteur ou que DC en décident autrement.
Pour résumé, le fait que rien ne soit fixé dans les comics et qu’il n’y ai jamais de fin mot à l’histoire, m’empêche de vraiment me plonger dans les comics et me coupe toute identification et émotion. Et je reprends ce que je disais dans mon premier commentaire, les changements faits par Marvel après les films, ne m’étonnent pas vraiment. C’est un peu l’ADN des comics qui est ici mis en application x100.
Après peut-être que tout ceci est un faux débat. Je suis une habituée de la narration de roman, avec début et fin. Du coup, je ne dois pas être très réceptive à tout autre forme de schéma narratif.
Hum, bon en fait c’est surtout une divergence d’opinion. Je ne suis pas d’accord avec ce que tu exposes mais c’est surtout qu’on porte un jugement différent sur la forme du medium. Pour moi, il y a une vraie continuité dans les comics (sinon, justement, je ne ferai pas un rant pour des retcons) et pour reprendre l’exemple de Gandalf, je ne vois pas trop ce que la fin de l’histoire change à sa mort. Mais voilà ce ne sont que des opinions que l’on ne partage pas.
Je te sens déçu. Si si si ! xD
Désolée je ne suis pas une spécialiste, donc les débats avec moi peuvent tourner assez court.
Désolé c’est mon mood du moment.
Mais que tu sois spécialiste du sujet ou non, ça n’importe pas sur le débat (encore heureux qu’on n’ait pas besoin d’être spécialiste pour se lancer dans un débat). Enfin tant pis, ça arrive les débats qui ne durent pas plusieurs jours. ^^
Et puis, je n’ai pas une éducation de littéraire, je suis arrivé sur le sujet assez tard alors forcément ça se ressent.
Je ne lisais pas de comics avant 2000 (j’étais trop jeune) (à l’approche de la trentaine, merci de me faire me sentir jeune à nouveau).
En tout cas, ton article est très intéressant ! Je ne suis pas hyper calée en terme de comics, donc je dois avouer que ça ne m’a pas trop dérangée jusque là. Même si effectivement, je me suis un peu demandé quel était le fuck quand j’ai vu la réécriture de l’histoire de jumeaux dans Avengers. Mais je l’ai pris avec philosophie, en me disant que, comme souvent pour les adaptations, j’allais vraiment considérer les deux trucs comme complètement indépendants l’un de l’autre.
Par contre, je ne savais absolument pas que ça avait donné une réécriture des comics en questions. Et du coup, je partage complètement ton sentiment.
Si au moins, tout avait été gardé de manière séparée, je l’aurais pris comme toi et ça ne m’aurait pas dérangé le moins du monde. C’est vraiment le fait que les films amènent des réécritures dans les comics (des réécritures qui n’ont pas de sens en plus) qui me déçoit. Enfin, nous verrons comment ça évolue.
(Et tu es toujours jeune, les lecteurs de comics sont toujours jeunes, c’est comme ça.)
(Vil flatteur ^^)
En vrai, je reviens parce que j’ai vu la catastrophe qu’est Suicide Squad. Et j’ai l’impression que les adaptations sont de plus en plus mauvaises (en plus des défauts dont tu as parlé), j’ai comme l’impression que le genre s’essouffle assez…
J’avoue, Suicide Squad en comics ne me plait déjà pas énormément mais en plus le film avait vraiment l’air de mauvais goût dans ses trailers (et ce joker qui me faisait facepalmer atrocement) donc je suis resté assez éloigné de l’excitation autour de ce film.
A mon sens, on reste dans le même mouvement que depuis le début des années 2000 quand les films de super héros ont commencé à se multiplier. Il y a plus ou moins de qualité suivant les productions. Finalement Suicide Squad suit un peu le même trajet que le film Daredevil. Ça ne veut pas dire que les prochains films du studio seront mauvais mais c’est vrai que ça ne rassure pas. Enfin on verra bien. (Ou bien je vais finir par ne plus m’intéresser du tout aux films et rester juste en autarcie avec mes comics. ^^ )
Alors dans l’ensemble je suis plutôt d’accord avec toi, et tu pointes le doigt sur un vrai sujet intéressant qu’étonnamment on voit peu dans les journaux et blogs. Pour ce qui est de l’adaptation des gardiens de la galaxie j’avoue que je ne peux pas être objective était plutot lectrice DC que Marvel, j’ai d’abord vu le film avant de feuilleté le comics. Mais un film est une oeuvre à part entière et le format implique qu’il faut faire des changements et des sacrifices quant au traitement de l’histoire, la même pour les jumeaux de Magneto. Après le vrai problème c’est la capacité à rendre un produit artistique filmique de qualité, mais ça on va s’en éloigner de plus en plus. Là où c’est ridicule c’est que dans les films Marvel on ne peut pas dire le mot « mutant » ni « Erik » ou « Magneto » quand on parle des jumeaux car ces termes appartiennent à d’autres producteurs. Ça bloque des arcs narratifs immenses que les scénaristes sont obligés de pallier grossièrement.